Dreams are my reality

Le bourgeon naissant,
Transis par le froid
Alors que les feuilles mortes tombent sous la dureté de l’hiver.

Tels étaient les mots que Milo venait d’inscrire sur son bloc de feuille pour qualifier sa vie. Un petit haïku, poème tiré de la culture japonaise, qu’il venait d’inventer et qui caractérisait plutôt bien son quotidien. Oui Milo tremblait, mais pas de froid, de peur. Mais comment ne pas avoir peur alors que l’endroit qui semblait le plus à même de les protéger tous était tombé sous le joug de l’ennemi ? Combien de perte devrait-il encore compter avant que n’arrive son printemps ? D’abord il y avait eu sa grand-mère, puis Dumbledore et dernièrement ses parents. Vivement qu’il obtienne ses examens qu’il puisse s’enfuir loin de cette folie qu’était devenue l’Angleterre, de cette folie qu’était sa vie. Oh bien sûr, l’oncle Dan et la jolie Cathy lui manquerait mais il garderait le contact. Et puis Milo se sentait l’âme d’un voyageur, il avait soif de découvrir le monde et ses cultures. Il y avait tant de chose à voir dans le monde, tant d’aspect de la magie qu’il avait côtoyé dans les livres, se promettant toujours qu’il partirait à leur découverte. D’abord l’Italie : Milo l’avait quitté tellement jeune qu’il se souvenait à peine de ce qui avait un jour été son pays. Il souhaitait suivre les traces des tout premiers magiciens romains alors que la Rome antique dominait le monde, ceux que l’on appelait ermites, prophètes, fous, alors qu’il ne s’agissait que de voix qu’ils percevaient. Les premières persécutions des sorciers en Europe qui étaient loin d’être les dernières.
Viendrait ensuite l’Egypte. Milo avait envie de découvrir ce pays qui avait fasciné son père avec ses tombeaux truffés de sorts de protection, ses bibliothèques remplies de rouleaux d’incantation aux pouvoirs exceptionnels et ses divinités multiples.
Après l’Egypte, Milo avait choisit l’est. Le japon. Une culture qu’il avait découverte à l’âge de douze ans grâce à Cathy. Il en était tout de suite tombé amoureux et tous les soirs il demandait à celle qui n’était alors que sa nourrice de lui conter les exploits d’un chef samouraï menant son clan à la victoire grâce à l’aide du dieu dragon ou encore le récit d’un empereur sauvant son peuple de la sécheresse par le sacrifice de sa vie. Et après ? Quoi d’autre ? L’Inde peut être. Une retraite bien méritée pour découvrir la sagesse et la paix de l’esprit.

Oui Milo avait la fibre voyageuse mais pour le moment il était coincé là, à Poudlard. Assis en tailleur sur les berges du lac, les cheveux flottant dans le vent léger d’un début d’automne qui s’annonçai déjà rude, le jeune italien avait choisit de se vider l’esprit à sa manière, c'est-à-dire en laissant glisser son crayon au gré de son bras. Parfois des dessins, souvent des mots, Milo aimait bien laisser libre cours à son imagination débordante. Sa créativité, disait-on, était le point fort de sa personnalité. Tournant les pages pour examiner ses anciennes œuvres, il redécouvrit des paroles inspirées d’un amour perdu, le portrait au fusain d’une jeune fille sortant de l’eau l’année précédente ou encore le soleil se couchant à l’horizon. Pfff du grand n’importe quoi. Il n’y avait là nulle création, juste l’expression de la réalité par un regard extérieur. Rien de bien exceptionnel en soit. Milo observait en silence et sa main faisait le reste. C’est à ce moment que son bloc note lui fut retiré des mains.


Verziero, Verziero, Verziero ! Tu me désespères. Combien de fois faudra-t-il te dire que ça, ça n’a rien à voir avec la vie ?
Leyan. Pourquoi ne suis-je pas étonné ? Que me vaut l’honneur de tes sarcasmes ?
Je ne sais pas, je t’ai vu tout seul dans ton coin et je me suis dit que c’était le moment de te déclarer ma flamme Ô valeureux prince Verziero. Tu rêves. La vie n’a rien d’un conte de fée gamin. Réveille-toi ou tu finiras comme les sangs de bourbes malgré ton sang presque pur.
Comment sais-tu pour mon sang ?
Il suffit d’avoir les bonnes relations. Ou d’avoir des relations tout court ce qui ne semble pas être ton cas. Allez réfugie-toi dans tes rêveries, le sort du monde magique dépend de toi. Fais de la poésie et libère la veuve et l’orphelin avec tes rimes.

Sur ces derniers mots, elle lui lança son bloc en pleine figure et le laissa sur place en riant. Cela faisait bien longtemps qu’elle, ses jumeaux de cousins ou encore les autres serpentards tyranniques avaient compris qu’ils n’obtiendraient pas satisfaction avec lui. Il ne répondait pas aux provocations et jouer tout seul ne les intéressaient pas alors ils se contentaient de lui glisser quelques remarques acerbes quand Milo leur tombait sous la main.
Le cahier de « l’artiste » c’était ouvert sur la représentation d’un groupe de jeunes allongés dans l’herbe en train de bronzer. Là où certains auraient vu du voyeurisme, Milo lui voyait de la réalité. Demandez donc à Botticelli de peindre sans modèle et bien pour Milo c’était pareil, son inspiration il la trouvait dans le monde qui l’entourait et c’est tout ce qui lui plaisait.
Une ombre apparue alors venant de derrière lui, le surplombant. Et pourtant pas un mot.

Encore toi Leyan ?
Euh…non.